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LES CAFÉS LITTÉRAIRES PARISIENS

Pourquoi un CAFÉ à la Médiathèque de Châtelaillon ?

Outre l'esprit social et convivial que procure un espace Café, ce projet trouve sa légitimité au travers des Cafés littéraires parisiens que tout amoureux des livres se doit de connaître... Lieux de rencontre, de partage, où l'on peut confronter ses idées, les Cafés littéraires étaient aussi le refuge des artistes, des auteurs et penseurs qui vivaient souvent pauvrement, dans des lieux froids et exigus (chambre de bonne) peu propices à la création.

 

Jusqu'à la fin de la première guerre mondiale,  Montparnasse et Montmartre sont les haut-lieux de la culture à Paris.

Néanmoins, Saint-Germain-Des-Près accueille peintres et écrivains depuis le 18e siècle. Gallimard, Le Seuil, Grasset, grandes maisons d'éditions, vont naturellement s'y installer. Les théâtres L'Odéon et Le Récamier dynamisent culturellement le quartier. Paul Boudal, patron du Café de Flore depuis 1939, y fait installer un poêle qui chauffe efficacement les lieux. Il saura y attirer une élite intellectuelle avec le couple Sartre/Beauvoir qui marquera l'âge d'or de ce café littéraire. Juliette Greco, Boris Vian contribueront également à la notoriété artistique de ce café.

Au Café de Flore ou aux Deux Magots, on retrouvait invariablement les mêmes écrivains, peintres, philosophes, cinéastes, metteurs en scène et acteurs. Voisins, ils ont évolué en "miroir" sans que l'on puisse affirmer lequel des deux est l'original café historique littéraire parisien...

 

LE CAFÉ DE FLORE

 

Désigné comme Café germanopratin, il apparaît en 1887 et commence néanmoins par accueillir l'extrême droite nationaliste lorsque Maurras y fonde son journal "Action française". Il  devient ensuite la salle de rédaction de Guillaume Apollinaire puis le lieu de réunion des Dadaïstes. Au fil du temps, on y croise Françoise Sagan, Picasso, Boris Vian, Serge Reggiani, Jean-Louis Barrault ou encore Ionesco.

Le couple Simone de Beauvoir et Sartre finit par l'investir : "Les chemins de la liberté passent par Le Flore". Enfin, aux écrivains viennent s'ajouter les célébrités de la chanson et du cinéma des années 60 : Juliette Gréco, Jacques Prévert, Yves Montand ou Roger Vadim.

Ce Café littéraire accueille aujourd'hui le PRIX DE FLORE, créé par Frédéric Beigbeder (1994) et Carole Chrétiennot, qui permet de distinguer un jeune auteur au talent prometteur.

Le Café de Flore - 172 Bd Saint-Germain (6e)

 

LE CAFÉ LES DEUX MAGOTS

 

On situe l'apparition Des deux Magots vers 1885. Les soieries d'un magasin de nouveautés du même nom,  qui occupait jadis les lieux laissent la place à un café liquoriste. D'abord fréquenté par Paul Verlaine, qui y introduira Arthur Rimbaud, il devient rapidement  un lieu incontournable de la vie littéraire parisienne. Mais au bord de la faillite, il est racheté en 1914 par la famille Boulay. André Breton, Robert Desnos et Raymond Queneau donneront naissance au surréalisme entre ces murs ; Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir à l'existentialisme.

En 1933, le PRIX LITTERAIRE DES DEUX MAGOTS est créé pour contrebalancer le Prix Goncourt, jugé trop académique.

Les Deux Magots - 6 place Saint-Germain des Près (6e)

 

LA CLOSERIE DES LILAS

 

La Brasserie phare de Montparnasse, vieille d'un siècle et demi, a vécu plusieurs époques. 

 

Choisie comme lieu de réunion par Baudelaire, Apollinaire, Gide ou encore Alain-Fournier, en 1900, Paul Fort en fait un rendez-vous incontournable pour les intellectuels, penseurs et poètes. Au cours de l'entre-deux-guerres, il deviendra le Café littéraire parisien où se retrouvent les auteurs américains qui séjournent à Paris tels Fitzgerald, Dos Passos ou Arthur Miller. Hemingway avait élu La Closerie des Lilas meilleur Café de Paris : "Il y faisait chaud l'hiver ; au printemps et en automne, la terrasse était très agréable...".

Par la suite, il sera célèbre pour être le QG de Jean-Edern Hallier et de Renaud (album Rouge sang et son hymne "A la Close"). La renommée de son Salon de thé ainsi que de son restaurant gastronomique sont légendaires. La maison n'a pas perdu son esprit littéraire grâce au PRIX DE LA CLOSERIE DES LILAS, 100 % féminin, décerné pour la première fois en 2007.

La Closerie des Lilas - 171 boulevard du Montparnasse (6e)

 

Flickr: *Checco* / Francesco
Flickr: *Checco* / Francesco

LE PROCOPE

 

Ce Café est le plus vieux Café littéraire et artistique de Paris, créé en 1686 par un italien : Francesco Procopio dei Coltelli. C'est le premier endroit de Paris où l'on peut déguster un café assis et lire la presse tranquillement. La Fontaine, Racine, Regnard s'y attablent à la lumière des chandelles. Puis Les Lumières  y prennent leur quartier : Diderot et d'Alembert qui lancent leur Encyclopédie ; Beaumarchais pour le mariage de Figaro, Voltaire pour Oedipe... Son décor marqué par les évènements historiques parisiens saura charmer ses visiteurs. 

Aujourd'hui, Amélie Nothomb, Marc Dugain, Bernard Werber et Eric-Emmanuel Schmidt en sont des habitués.

Depuis 2012, ce Café parisien a ses propres prix littéraires dont le PRIX PROCOPE DES LUMIERES.

Le Procope - 13 rue de l'Ancienne-Comédie (6e)

 

LE CAFÉ DE LA PAIX

 

Depuis 1862, le Café de la Paix a vu défiler de nombreux écrivains. Dans le style Napoléon III avec ses dorures et son plafond peint par Charles Garnier, il a d'abord été le restaurant du Grand Hôtel situé 2 rue Scribe. 

Grâce aux Goncourt qui l'ont choisi pour déjeuner, l'endroit devient vite à la mode. Maupassant y vient régulièrement, tout comme Victor Hugo et Emile Zola. Puis Oscar Wilde, Paul Valéry, André Gide, Tristan Bernard, Marcel Proust y prennent leurs habitudes. La première réunion de l'Académie Goncourt se déroule au café de la Paix avec la remise du Prix en 1903 à Joseph-Antoine Nau pour "Force ennemie". Plus tard, Hemingway fréquentera régulièrement l'établissement qui sera le cadre de plusieurs passages du "Soleil se lève aussi".

Le Café de la Paix - 5 place de l'Opéra (9e)